Le syndrome de l’imposteur

Le syndrome de l'imposteur - ANTHROPIC

Alors voilà, nous y sommes. Lorsque j’ai lancé mon journal, j’ai décidé de le nommer « Dans les coulisses d’une imposteur responsable ». Pour le terme « responsable » je pense que vous aviez compris mais pour celui « d’imposteur », je ne vous avais pas donné la raison de cette appellation.

C’est pourquoi, j’ai eu envie d’aborder un fameux « syndrome », qui chaque jour pour certains ou certaines d’entre nous, nous hante et nous déstabilise dans notre quotidien… Celui du syndrome de l’imposteur, également appelé « syndrome de l’autodidacte ».

On peut le décrire de plusieurs façons, mais celui-ci exprime une forme de doute maladif qui consiste essentiellement à nier la propriété de tout accomplissement professionnel. Autrement dit, les personnes qui en sont atteintes rejettent plus ou moins systématiquement le mérite lié à leur travail et attribuent le succès de leurs accomplissements à des éléments qui leur sont extérieurs (la chance, leurs relations, les circonstances particulières…).  Elles se perçoivent comme des imposteurs et croient duper leurs collègues, leurs amis, leurs supérieurs, et craignent d’être démasquées d’un moment à l’autre.

Alors oui, dit comme ça, pour celles et ceux qui ne le sont pas, ça peut paraître surréaliste ou même surjoué.

Mais si je vous en parle aujourd’hui, c’est pour vous dire que vous n’êtes pas seul dans cette situation et que tout le monde est susceptible de la vivre un jour (oui oui, même les personnes qui paraissent les plus confiantes dans votre entourage).   


L’origine – « Le syndrome de l’imposteur »

Pour revenir rapidement à l’origine du « syndrome de l’imposteur », il aurait été identifié aux Etats-Unis en 1978 par deux professeures de psychologie américaines. Ces deux psychologues ont étudié 150 femmes diplômées qui exerçaient des métiers prestigieux et reconnues pour leurs compétences – pourquoi uniquement des femmes, ne me le demandez pas – Or, ces femmes brillantes ne considéraient pas qu’elles avaient réussi, elles expliquaient leur situation par des facteurs externes comme le hasard ou la chance, alors que la plupart des personnes du même niveau revendiquaient leurs compétences et leur travail acharné. Ces femmes pensaient qu’on les surestimait. Elles craignaient d’être « démasquées », que les autres s’aperçoivent qu’elles n’étaient pas aussi compétentes qu’ils pouvaient le croire.


Lutter contre ce syndrome par la mise en place de stratégies défensives

Pour certain.e.s, ce « syndrome » peut être très fort et parfois même destructeur, créant ainsi une spirale négative fondée sur la peur de l’échec. Des stratégies défensives se mettent alors en place pour pallier à ce doute permanent : 

  • L’excès de travail : vise à compenser l’absence potentielle de compétences ;
  • L’auto-handicap : met en avant des obstacles (situations ou événements imprévues) susceptibles d’empêcher la bonne réalisation du projet ;
  • L’esquive ou l’acte ultime :  face à la perspective de devoir être jugé, le stress, l’anxiété, voire la honte peuvent s’emparer de l’individu. La personne désignée ne se sent pas capable de jouer le rôle qu’on lui impose. La peur de perdre la face, d’être démasqué lors d’interactions, peut alors le conduire à fuir (absences, arrêt maladie, vacances prolongées, démission).

Alors oui, souvent ce syndrome apparaît en particulier lors de périodes de transition : quand on a un premier diplôme, un nouveau travail, quand on démarre un nouveau cycle d’études, quand on obtient une promotion importante…


Mon expérience personnelle

Je ne vais pas vous le cacher, il m’arrive souvent d’avoir ce sentiment d’être un imposteur, surtout quand je me suis lancée. Mais pour vous donner un autre exemple que la création d’ANTHROPIC, j’ai envie de vous donner un exemple qui m’a fait prendre conscience de mes capacités. Je vais vous parler de mon échange que j’ai réalisé à Taïwan mais que je souhaite relater en toute modestie.

Lorsque je suis arrivée à Taïwan en 2014, je ne parlais pas un mot de mandarin. J’avais juste appris à dire « Bonjour » et « Toilettes »… oui, chacun ses priorités. Avec d’autres étudiants étrangers, nous avions cours de mandarin chaque semaine pendant 9 heures (3h les lundis, mercredis et vendredis matins) et nous étions classés par niveaux (A1, A2, A3, A4). Au début de mon échange, j’étais dans le niveau débutant (A1) et au bout de trois mois, nous avons repassé un test pour voir si notre niveau avait évolué :  je suis passée du niveau débutant (A1) au niveau expert (A4).

Quand on a eu les résultats, certains m’ont demandé « mais comment t’as fait ? », d’autres m’ont félicité et les autres n’ont rien dit. À ce moment-là, comment vous dire, j’étais très mal à l’aise car je ne me sentais pas DU TOUT légitime. Certaines personnes qui étaient en A4 ne comprenaient pas pourquoi j’étais dans leur classe, alors que trois mois plus tôt j’étais débutante. 

Et puis, en suivant les cours petit à petit, je me suis rendue compte que j’étais tout aussi légitime qu’eux d’être dans cette classe. Pourquoi ? Parce que pendant ces 3 mois et je ne vais pas vous le cacher, j’ai cravaché. J’avais une famille d’accueil qui me poussait à étudier et je sentais que j’avais besoin de travailler pour pouvoir réussir à communiquer avec les habitants du pays.

J’avais envie que mes parents, mes proches, mes amis, ma famille d’accueil soient fiers et j’avais aussi envie d’être fière de moi. Je méritais ma place et je voulais le prouver. À la suite de cet événement, j’ai eu un véritable déclic. Le reste de l’année, j’ai arrêté de me dire que j’étais un imposteur, j’ai continué à travailler durement, j’ai remporté des prix d’éloquence et surtout, j’avais réussi à relever le défi que je m’étais lancé : celui de parler mandarin alors que je ne parlais pas un mot en arrivant à Taïwan.


Quels sont les conseils que je peux vous donner ?

(et que j’essaye d’appliquer chaque jour !)

  1. Prenez conscience de votre VALEUR. Vous n’en avez peut-être pas conscience, mais c’est le cas, je vous assure, même si je ne vous connais pas.
  2. Acceptez les compliments. Ils ne sont pas toujours là pour vous faire juste plaisir, ils sont sincères (en théorie).
  3. Repensez à un/des moment.s qui vous ont rendu fier.
  4. Arrêtez de penser que vous êtes un imposteur, que vous ne méritez pas ce qui vous arrive et que vous n’êtes pas à la hauteur de ce qui vous est demandé. Si vous en êtes là aujourd’hui, c’est parce que vous le méritez !
  5. Misez sur vos capacités. Ne cherchez pas la perfection, désolée de détruire un mythe, mais elle n’existe pas. Ce n’est pas grave si vous ne savez pas tout faire, il y a certainement d’autres domaines où vous êtes meilleurs. Misez dessus !
  6. Arrêtez de vous comparer aux autres, ils ne sont ni meilleurs, ni moins bons, ils ont leurs forces et leurs faiblesses et surtout, ils sont différents. Misez sur votre unicité.  

À très vite,

Clem.